Un Pied Dans ce Monde \\\ Extrait Des Axiomes Démasqués \\\

Extrait Des
Axiomes Démasqués
De
AKA Louis.
Paru En 2014/
2015.

Un pied dans ce monde \\\ La Terre a l’air bien pauvre. Mais elle est riche de savoir. De quel savoir ? De savoir quoi ? De quelle saveur ? Et selon qui ? Qu’en sais-je… Je n’ai plus d’ami pour me le dire. Mon frère est parti, au loin… Mais sa présence reste ici. Le qu’en dira-t-on, qu’importe ! C’est ainsi. N’ai-je pas le droit de dialoguer avec mon frère ? Avant qu’elle n’ait pris l’avion, ma mère… elle a longtemps cru au désastre. « Cette âme ne veut pas rester », lui a-t-on dit. Sa mère le lui avait bien dit : « Il faut faire quelque chose. » « Cette grossesse doit venir à bout. A bout de cette incompréhension. Elle doit mettre au jour, ce pour quoi le sang a tant coulé. » Elle emmena donc sa fille, chez un spécialiste, un érudit de la tradition. Son verdict fut sans appel. « Il n’aime pas ce monde. Il ne voudra pas rester. 151 Nous savons ce qu’il faut faire. Nous allons faire en sorte qu’il reste ici. Hmm. Hmmm. Laisser nous faire. Nous connaissons ces choses. Nous allons tout verrouiller. A moins que nous n’ouvrions, ce que nous avons fermé, cela est certain…. Hmmm, hmmm, oui, l’enfant viendra au monde. Ce sera sans échec. » C’était fait. Mais le lieu était-il bien sûr ? Cette fois ci non plus, la grossesse ne s’était pas bien présentée… Et à part cette visite, de dernier recours, et de la dernière chance, rien n’était très rassurant. Sans aucun doute, il fallait quitter le pays, pour un autre lieu. Là où la médecine serait plus à même de comprendre. Là où les moyens seraient réunis, et mis en œuvre… Là où les résultats seraient plus probants. Il fallait mettre toutes les chances de son côté. L’avion allait atterrir. Les pays du nord étaient alors accueillants. Autant qu’on puisse l’être. Qu’allait-il advenir de cet enfant ? Elle n’en savait trop rien. Mais sans doute avait-elle bon espoir… Sinon, elle ne serait pas partie. 152 Le temps commença à être long. Beaucoup trop long même. Le moment aurait déjà dû être venu… C’était l’hiver. Et le choc de l’abandon était encore présent. « Cet enfant va-t-il venir au monde ? » se dit- elle. Elle informa sa mère de son interrogation. « Bien sûr c’est évident. Il va tout débloquer. L’enfant va sortir. » Sa mère retourna voir le spécialiste. Elle lui fit part de la situation. Conforté par son érudition… il fit ce qu’il avait à faire. L’accouchement arriva. Les médecins parlaient peu. Mais ils savaient ce qu’ils faisaient. Elle voulut voir l’enfant. A peine l’eurent-ils mis entre ses mains, qu’ils le lui enlevèrent et disparurent. L’enfant n’avait pas crié. Il avait le teint bleuté… les ongles longs, les cheveux fins, longs, ébouriffés, abondants. Plongé dans l’océan maternel, convaincu de ne point vouloir en sortir, il était venu au monde de l’eau dans les poumons. « Où l’ont-ils emmené ? » songea-t-elle. « Est-il vivant ? » 153 Ces hommes en blanc étaient partis sans donner d’explications. « Ne vous inquiétez pas », l’avaient-ils rassurée. En réalité, ils pensaient qu’il fut mort-né. Elle ne comprenait plus rien. L’attente et l’inquiétude l’accablait. Cette histoire avait-elle un sens ? Ils finirent par lui annoncer, qu’il était en réanimation. Le liquide intérieur, extrait de ses poumons, permis lentement à ce garçon de prendre le rythme de respirer. La couveuse fit des merveilles. Sans aucun doute le choix avait été le bon. Contre toutes apparences, et toutes attentes, l’enfant allait vivre. Ainsi soit-il… N’était-ce pas miraculeux ? Comment un chemin aussi tortueux, pouvait- il trouver une issue aussi inespérée ? Comment, elle, et lui, avaient-ils échappés à la cruauté de l’absurde ? A la vilenie du trivial ? A la dictature du mystère ? Voilà la question que je devrais me poser, moi, qui aujourd’hui, ai fini de parcourir le silence sans fin… Celui des Temps, des Contes et des Mœurs. Le silence des secrets qui jamais ne sont dits. Le silence des secrets d’alcôve abyssaux. 154 Qu’en penses-tu mon frère ? Toi qui fus extrait de moi… Toi qui es cet autre… Toi qui es mort, avant moi… A moins que ne soit lui ?… A moins que ce ne soit moi ?! Qu’en dis-tu donc ? Ha ! Tu aimes bien sourire… me regarder de tes yeux clairs, lançant à ma tronche d’ahuri, des regards de frère absent, qui ne dira jamais ce qu’il sait, au risque de me faire pâlir ! Ce n’est pas parce que tu n’as pas la même couleur que moi, que tu n’es pas mon frère ! N’est-ce pas ? J’ai longtemps été toi, avant que tu ne sois moi, et nous n’avons pas été séparés, pour comprendre ce qu’il faut taire. Non. Nous n’avons pas été séparés pour cela… J’en doute fort. Je l’ai bien compris. Je vois trop clair dans ton jeu. As-tu compris le mien ? Toi qui vois tant ? Toi qui ne révèle le sens de ta présence, toi qui sent et sait ce qui n’est pas dit ? Je t’ai vu avant de te voir. Et c’est pour cela que je te connais. C’est pour cela, mon frère, que tu n’es pas mon ami. C’est pour cela que je t’ai reconnu. Le mal que nous avons fait toi et moi, et qui nous a séparé comme les deux parties du ciel… ce mal n’est pas ce qui nous unit. 155 Le crime est si ancien, qu’il vaut mieux ne pas l’explorer… Au risque de goûter la folie, de ne plus savoir qui on est… Je ne suis pas ton père et tu n’es pas le mien. C’est clair. Mais nous sommes frères. C’est drôle, n’est-ce pas ? Qui aurait pu y penser ? Mon double est mon frère, et il ne le sait pas… Et moi je ne sais qui il est. Ça te fait rire ? Toi qui lis je ne sais quel livre ?… Qui parcours les lignes de je ne sais quel récit, sans queue, ni tête…. Écrit malencontreusement à l’envers ? Ça te fait rire ? Sais-tu de qui tu es le frère ? Pourrais-tu seulement le comprendre ? Oui. Pourquoi pas. Tout le monde le peut. Pourquoi cela serait-il impossible ? A l’impossible nul n’est tenu… Sauf quand c’est une affaire de vie et de mort. Comment crois-tu qu’on vienne au monde ?…. En respirant le parfum des fleurs ? Au beau milieu de leurs pétales intacts ? Cultive bien ton jardin. Le soir, la nuit est couverte. Et les chats ne sont pas gris… Ils ont faim. Si nul ne leur donne à manger, ils sauront ce qu’ils leur restent à faire. Les histoires de cœurs ouverts ne sont pas faites pour tout le monde. 156 Oui j’ai beaucoup lutté… Et j’ai sans doute commis des crimes… Mais mon frère était là pour le savoir, et l’ignorer… faire en sorte que je me taise. Me suis-je tu pour lui ? J’aurais donné ma vie pour un silence… celui qui vibre jusqu’aux confins du lointain. Celui que tout le monde entend, sans en exiger à quiconque, une quelconque traduction. Celui qui seul mérite le nom de Parole. Entendu ? Compris ? Capiche ? Je l’espère bien… c’est pas tous les jours qu’on tend la main… Au risque de soucis… de se perdre dans l’inconnu… comme évanoui sous acides… A l’impossible nul n’est tenu… Et puis quoi encore ?! Je connais mes limites… je vais pas finir sur des planches… ni en dessous… J’ai la folie pour comprendre. Une foule d’hallucinations. De vertiges inouïs… A quoi bon réfléchir, quand il suffit de croire ? Croire… c’est donc ça ? Croire ? A tout prix ? Partir ? Courir au loin… ? En des contrées citadines… Des mégalopoles parfaites ? Pourquoi savoir quel est mon rôle ? Mon frère me l’a bien dit… Et je n’ai pas eu à m’expliquer lorsqu’il m’a tendu la main. 157 L’impossible parait si simple, lorsqu’on a compris, ce qui le fait scintiller, au cœur de l’insondable… qu’il ne peut avoir le nom que de « frère » pour ce qui est acquis, et le nom d’ « oubli », pour ce que l’ont dit avoir raté. Heureusement que la foi a eu un père, pour voir plus loin que ce qu’il y a à comprendre. Heureusement qu’elle a eu un fils qui s’est senti seul pour aimer. C’était des paroles de la Bible, qu’elle chantait souvent, la mère de ma mère… Elle avait le souffle gai, rieur et mystérieux. Alors que je ne savais comment quitter l’enfance et l’adolescence, je me suis vu enfant, lucide et translucide, qu’elle sauva de la mort en soufflant dans ses narines… Le souffle venu de la nuit des temps…. Où les étincelles n’ont jamais donné leur nom. « C’est un garçon. Il pèse 3 kilos 3. Il est vivant. » 158

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