Psychédélisme \\\ Extrait Des Axiomes Démasqués \\\

Extrait Des Axiomes
Démasqués \\\
De
AKA Louis

Psychédélisme \\\ A l’instant où les volutes étincelantes du déchirement cuivré de l’alto côtoient l’abrasive gravité de la contrebasse hypnotique, l’atmosphère se fait plus feutrée… On peut alors percevoir, ondulant de bonnes vibrations, le piano danser par touches de fusion, derrière nos yeux clos, l’oreille de l’âme à l’écoute du chant libérateur du Free des années soixante finissantes, la volupté évanescente du Funky Jazz des seventies chatoyantes. La frontière qui jouxte le monde qui s’éclipse au-dedans des paupières, de celui, qui, sans fin nous ramène à la raison, semble s’effriter, se dissoudre, se diluer en éclosions d’aquarelles, aux couleurs aussi vives, troublantes et hallucinantes qu’un doux trip à l’alcool de baies sauvages, ou aux plantes innommables et interdites des contrées luxuriantes où la civilisation n’aurait, selon toutes vraisemblances, jamais pu être née. L’intensité est à son paroxysme. Les sons se mêlent, se mélangent, dérangent, remuent les méninges, la grisaille déchante, la folie est à deux pas. Pourtant mes pieds sont toujours sur terre… Du moins, sur le sol de mon appartement. A moitié couché sur mon lit, le matelas à même le sol, je m’enivre de la musique que mon âme 29 réclame à l’infini, pour crucifier le non-dit du parjure absurde, et sublimer l’impossible fraternité sociale prise en otage par la tension du chaos des couleurs. Je ne sais ce que veut dire être nègre, ni si cela a un sens, mais je sonde comme vertigineuse la grâce du Jazz à faire oublier le superflu pour plonger dans l’essentiel. Oui, je ne sais ce que veut dire être nègre, ni si cela à un sens… Je me remémore pourtant, ci et là, les moments de non-sens d’une vie trouble, les amours manqués, ainsi que les rancœurs chaudes, qui font éclore le cœur en corolles d’hémoglobines traîtres. A la déchirure du battement de la déception et de l’abandon, répond celle du cri de l’alto d’un Pharoah qui hurle, d’un Coltrane qui psalmodie, l’espoir inespéré de la fin d’une injustice. Qu’est ce qui peut pousser un homme à se jeter dans le vide, sinon la certitude qu’il y trouvera son âme, ou mieux la source de la lumière ? Encore faut-il bien choisir son Néant, et ne pas craindre l’existence des rêves qui se révèlent vrais, trop vrais. C’est l’Écho de l’Appel, celui qui est dit, celui qui est réponse, qui guide le voyageur égaré vers les expériences déjantées et aguicheuses, celles qui laissent sans rien, la foi sans raisonnement ni formes exceptée. 30 J’avais l’âge des soirées raggamuffin, des folies étudiantes, des dérapages sur les parkings isolés, des voyages dans les pays sous dictatures… J’ai tout laissé pour devenir fou, et perdre la classe, le peu que j’en avais, et fuir les honneurs du monde. Pourquoi ? Par manque de reconnaissance ? Non. Pour cause d’amour dénué de sens. Pour cause de crime insoluble, et non résolu. Une fille qui fait rêver suffit à fuir jusqu’à l’extinction. Elle fait rêver parce qu’elle est inaccessible, parce que sa beauté semble guérir la souffrance alors qu’elle ne fait que de l’attiser sans répit. La problématique de l’amour déchirant est qu’il s’inscrit dans la logique de séparation, de configuration de tension sans solution et de rencontre biaisée ne pouvant aboutir qu’à la mort. Le cas d’école une fois compris, ou du moins accepté, rien ne sert de penser ou de réfléchir. Il faut partir sans donner d’explication. Il faut fuir à jamais la mauvaise blague. Les années se consumaient et mon isolement ne cessait de croître. Comme si tout était entendu pour obtenir de moi ce que je ne 31 voulais donner. Ce que je ne pouvais offrir sans catastrophe et conséquence dommageable. Ce que je ne possédais pas et qu’on m’enviait à n’en plus finir. J’avais cru en un Autre, j’avais foi dans ce que les autres gardaient pour eux, je songeais à un outre monde, peut être un royaume des cieux. J’étais prêt à tout quitter pour échapper à une réalité infâme, qui se plaisait sous mille et une facettes à passer pour une fiction. Je contactai un grand orateur, un fervent connaisseur de ces choses. J’obtins facilement son accord. Sans qu’il ne se fasse prier. Il se révéla être un dealer du terroir. Un drôle de bonhomme. Un personnage énigmatique. Un gars sympa qui ne dit pas ce qu’il veut. Barbe hirsute, fournie et pointue, vêtu d’un teddy, le fameux blouson en cuir des colleges américains, il se présenta à moi lors d’un rendez-vous dans la capitale. Nous nous assîmes sur un banc et discutâmes de la nature de ce monde. Il me fournit les plantes intelligentes, issues des plaines perdues, censées être celles des origines recherchées… bien que différentes… Puis il se leva et me dit : « on s’appelle…. tu me tiens au courant ? » Il avait le sourire en coin, le regard pétillant, la mine grave, sélène, mais réjouie. Il partit peut être sans penser que je le reverrai. Ou que je sortirai extérieurement intact de cette aventure. Il faut croire que j’ai 32 cru à ce qui n’a jamais eu de sens. Car la suite des événements fut mémorable. Pourrai-je dire un jour que je sais ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas ? Ce qui advient réellement ne se révèle pas au premier venu. Ce fut le début de mon entrée dans le monde hallucinatoire, dans le domaine de ce qu’on vit sans savoir ce que les « sages » nous ont réservé… Dans l’univers de ce dont il ne faut se rappeler, de la mémoire qui se joue du vrai et de l’admissible. On ne sait jamais à qui on a à faire. Les autres ne sont des esprits que lorsque l’on ne les connaît pas. Les jeux pervers qui ne s’avouent jamais réels sont le passage obligé pour cerner la verticalité de ce monde. L’endroit n’est pas accessible gratuitement, à moins qu’on en vienne depuis le départ, et que chacun sache se tenir à sa place sans chercher à savoir. Il faut se garder alors de prétendre que l’on peut dire, à tout moment, qui a été ici, avant, et qui le sera, après. C’est la seule et unique manière de s’en sortir, si l’on veut croire à une vie qui sait se faire simple. Le reste il faut l’oublier, ne jamais l’avoir connu. 33 Le mélange d’abstractions intellectuelles et des drogues ritualisantes, produit des catastrophes qui déglinguent le cerveau en miettes. L’univers que l’on perçoit alors n’est qu’un corps en pleine implosion, mais sa manifestation parallèle et ambivalente relève des mirages les plus impossibles. Elle est faite de visions orgiaques, de labyrinthes inconnus, de châteaux espagnols, de béatitude permanente, de plaisirs insoupçonnés, de fruits juteux jamais vus, de parfums enivrants. De formes hellènes, de paradoxes antiques, de puissances archaïques ; d’absence de raison, de poésie pure, de spéculation sans aucun sens. Le prix de l’euphorie est simple. Rien, absolument rien n’est vrai. Ce qui se passe réellement, mieux vaut ne pas le savoir. « Il n’est rien de caché qui ne doive être découvert (Luc 8;17). » On peut donc souhaiter et recevoir le Salut. Les perceptions triviales sont les abîmes d’un cerveau qui souffre. Les promenades dans les mondes sans objets n’aboutissent à rien. Les amoureux d’exotisme et de culture authentiques iront se perdre à croire qu’ils ont trouvé un trésor. S’ils n’ont pas cru en autre chose, rien ne leur permettra de retrouver leur chemin. Les stupéfiants sont néfastes et sans intérêt, il 34 faut aimer les plantes douces et boire du thé. Respirer l’air frais des jardins paisibles, ne pas aller se balader en forêt. Les femmes qui font du bien sont celles qui apaisent. Les femmes qui excitent offre des jours sans lendemain. Le jeune homme courageux est celui qui n’a pas donné son nom. Nul n’a su ce qu’il est advenu de lui, il est passé inaperçu. 35 36

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