Horizon Mauve\ Extrait Des Axiomes Démasqués \\\ Nouvelle \\\

Extrait des
Axiomes Démasqués.
Écrit &
Paru En 2014/2015.
Textes Immatures,
Mais
Incisifs \

Horizon mauve\\\ Ne pas connaître Dieu est une ignorance grave. Je n’aurais jamais cru le savoir, et pourtant, il faut raisonnablement croire et admettre que je l’ai toujours su. Il faut raisonnablement le croire et l’admettre, car les beaux sentiments font le piment d’une histoire, et il serait inadmissible que l’on ait à les remettre en question, sans proposer, en sus, une voie de salut. Le cœur a ses limites. Elles consistent à ne pas exposer au vu et au su de tout le monde l’absurdité des croyances innocentes. Il y a une justice en amour, et elle dessoûle le corps de l’ivresse des moments rêvés, autant que de la folie de la joie conquise. Le soir allait tomber. Les feuilles sur le trottoir se laissaient caresser par la brise d’un automne annonciateur des nuits d’hiver précoces. Clément était chaos. Clément c’était moi. Et il aurait mieux valu, à ce moment-là, que je sois quelqu’un d’autre. Je dis Clément, à la troisième personne, car il me sembla, un peu plus tard, que je fus l’auteur de mon propre meurtre, regardant un corps livide égaré sur le sol, le linoleum mal ciré d’appart désordonné de la proche banlieue de Paris. 63 « Un peu de décence mon petit », me dis-je la gueule cassée, assoiffé d’une réponse qui ne viendrait plus jamais. Les faits sont durs. Parfois. Surtout quand ils sont insignifiants. « Rien c’est quelque chose », avait l’habitude de dire mon prof de Lettres au Lycée, tandis que je me pensais encore être un écorché vif. « Allez mec », sursautai-je, par des exclamations de sons silencieux, « un peu de tenue ». J’allai m’allonger dans le sofa. J’allumai la télé en guise de semblant d’animation. Je regardai les protagonistes s’agiter comme des fous ignorants de leur cas, amoureux de leurs troubles manifestés en décors et situations dénués de sens, proposant pourtant aux pupilles du téléspectateur, une perfection ambivalente, et suffisamment tordue, pour éveiller en lui la pulsion de vivre et de rire, pour une raison ou une autre. Je pensai que ce fut le dernier jour de ma vie. Pas une pensée audible n’advint à éclore dans mon mental silencieux. Pas un mot ne sorti de ma bouche scellée par le sceau de la gravité du non-sens. Non. J’avais attendu, et elle n’avait pas rappelé. Et elle ne rappellerait pas. C’était certain, même si j’y croyais encore. Une page devait se tourner. Je n’étais pas prêt à tourner le dos. J’avais pourtant cru le faire des années auparavant, mais c’était 64 maintenant qu’il me fallait le faire. Qui ne finit pas par le faire, pour de vrai, par tourner le dos à quelque chose, même quand une voix l’appelle, depuis les confins abyssaux d’un inconscient océanique ? Et bien je ne le fis pas. Non, je ne pus le faire car mon seul espoir semblait s’évanouir. Et cela me parut défier les règles du destin. Quel destin ? Celui que je n’avais jamais eu. Celui qui avait échappé à mes mains par incompréhension de la Grâce, par conviction d’une innocence brisée. Celui, en lequel, je croyais malgré tout. Non, on ne tourne pas le dos à ce\ux qu’on a aimé, on ne trahit pas ses amours de jeunesse. Quand bien même ils paraîtraient stupides, idiots, risibles à souhait… faussement beaux, inutilement dangereux, puceaux. Alors tourner la page, peut-être, mais tourner le dos, non. Non. Marquer le coup, par contre, oui. Et ce ne fus pas si difficile, de valider ce choix, de le concrétiser jusqu’au bout, puisque l’irrésistible appel de l’océan des eaux salées s’imposait comme seule issue. L’appel était une voix cristalline… celle de la sirène aux atouts ravageurs, au charme ondoyant qui décime tout, aux enchantements qui ne laissent pas de cadavres visibles, aux formes et couleurs que nul ne peut suspecter. 65 Qui était-elle ? Celle que j’avais cru aimer, ou celle qui me demeurait apparemment inconnue ? Un fantasme sans doute. Un fantasme en passe de devenir vrai. Pour le meilleur et le pire à la fois. Lequel est l’un, lequel est l’autre ? J’étais devenu fou, car le langage du cœur est une folie. Et pour cette raison, je m’étais mis en tête de la contacter, par tous les moyens, la fille de ma jeunesse. J’avais épluché l’annuaire par le biais du minitel, scruté les endroits où elle avait pu déménager, erré dans les rues de Paris, dans les quartiers de mon adolescence. Rien n’y avait fait. Elle demeurait introuvable. Une idée m’était venue à l’esprit. Contacter une amie à elle. Je me procurai le numéro et laissait un message. Pour atteindre l’objectif avec certitude, j’écrivis une lettre, dévoilant mon besoin, mais non ma démarche. A l’époque, j’étais encore trop peu révolté pour oser quoique ce soit, ou pour défier la mort, en dehors de ce qu’on permet aux adolescents de notre acabit, de faire, pour se croire valeureux et intéressant. J’avais encore l’image d’un sage, d’un ingénu sympathique, au visage grave, aux manières sévères, au style doux. On se moquait de moi régulièrement, mais on savait que j’étais, malgré tout, dans le coup. 66 Trop sans doute pour être supporté dans une quelconque initiative, par des camarades qui n’auraient encaissé d’être supplanté par le gentil de service. Trop pour ne pas partager avec les autres. Une raison pour ne rien faire. Une raison pour se taire face aux dangers. Elle me regardait souvent, me dévorait du regard. J’étais surpris, je ne comprenais pas. Il me semblait qu’elle voyait ce que je ne voyais pas. Ce que nul n’avait vu. Celui que j’étais vraiment, ou que je ne serai jamais. Celui qu’elle voyait, c’était un autre que moi, celui que je ne pouvais être. Elle voyait un jeune homme que je ne connaissais pas et dont j’ignorais l’existence. Ignorais-je qui j’étais ? Au moment où je l’avais rencontrée, tout paraissait si clair, le côté sombre, comme le côté lumineux. Qui sait à cet âge lequel est l’un, lequel est l’autre ? Personne sans doute. On peut cependant en avoir une intuition… Non ? Ou bien ?! Elle me regardait, parlait de moi, envoyait des émissaires, et, fou amoureux, pourtant, je ne répondais pas. Qu’avais-je à craindre ? On n’est pas l’ami des lascars par hasard, ni celui des bons élèves non plus. Ni celui des garçons de bonne famille ! Lesquels sont les pires ou les plus à plaindre ? Pas de règle en la matière 67 sinon celle du contentement de l’âme, réservé à la fleur de l’âge… insoumise… Le temps qu’elle fleurisse, il est nécessaire de débroussailler le jardin, d’enlever les mauvaises herbes, d’éloigner les intrus, et autres indésirables. Adolescent, les indésirables sont légions, car c’est l’âge des épreuves, les preuves devant être faites, devant témoins, sous peine de ne jamais devenir adulte, aux yeux experts de la société, dure. Les indésirables passent parfois pour des amis, et on les accepte, jouant comme on peut au jeu, au risque qu’ils nous perdent. – « Je suis désolée mais je ne te connais pas… Je ne vois pas qui tu es. – Ah !… Bon ben je suis désolé de t’avoir dérangée, tu peux raccrocher… – Pardon ? – Quoi ! Mais c’est une plaisanterie ou quoi ?! – Non, non, non… Attends ! – Tu rigoles ou quoi ! Tu te fous de ma gueule ! Comment tu peux dire une chose pareille ?» La conversation téléphonique avait étrangement commencé. Je lui dis que c’était un grand jour pour moi de la retrouver ; elle me répondit que j’étais inconnu au bataillon. – « Arrête, je suis prête à t’écouter… ! – A quoi ça sert que je te parle puisque que tu ne me connais pas ? – Essaie et tu verras bien… » 68 Sa copine d’antan, qu’elle ne voyait que peu alors, lui avait passé le message. Elle avait malgré mon effacement dans ses souvenirs, daigné prendre le risque de m’appeler… La suite fut mémorable ! Un mélange de rire amusé, de dialogue de sourds, de quiproquos, d’incompréhension, de déclarations, de sensibilité naïve et niaise… Au bout d’une dizaine de minute, sur un coup de ras le bol, je me suis fait raccroché au nez. Elle avait tourné le dos, elle. Du moins, j’appartenais à son passé, un passé lointain et brumeux, de ceux dont on ne veut se souvenir. Qu’avais-je à revenir maintenant ? Qu’avais-je à être un revenant ? Seul restaient vrais et vivants les instants vécus, et je ne pouvais les prouver. L’amour vrai est impossible. L’amour vrai, même vécu, est indémontrable. Elle ne m’avait jamais connu. Et c’était vrai, en somme. Qui avais-je aimé alors ? Je croyais peut-être échapper au bizutage ? Je croyais peut-être m’en sortir indemne ? Non, je n’avais pas pris assez de coups pour être de ceux qui vivent normalement. Quelle idée d’aller chercher partout une fille qu’on a aimée sans répondre à son amour. Quelle idée d’aller chercher une fille qu’on a aimée de son point de vue, depuis son univers d’adolescent à problèmes, irrésolus, insolubles… !? Quelle idée d’aller 69 chercher une fille des années après avoir ignoré ses avances, alors même qu’alors on rêvait d’elle ? L’amour fou et obsessionnel ne raisonne pas. J’étais converti à la chevalerie, non par goût, mais par stratégie du cœur, et sans doute aussi, désir de l’âme. Condamné à aimer gratuitement. La chair est le prix de ce monde. De l’accès turbulent et ingrat aux plaisirs de la société. Comment pouvais-je croire, vivre et survire sans gravir les échelons de l’existence sociale, sans actualiser cela ? J’étais fou. Sans aucun doute. Fou d’aimer à en mourir. Vraiment. Fou de croire en des récits héroïques. Fou d’un amour pieux, sans doute, mais visiblement stupide et ingrat. Pour avoir refusé de sacrifier l’éternelle beauté d’un amour pur et innocent, pour avoir la bonne conscience de ne pas avoir fait de mal… j’avais d’ores et déjà mis en péril ma vie d’adulte. Les grands idéaux en valent ils la peine ? Qui peut aimer sans tragédie ? Qui peut aimer sans dette ? Qui peut aimer sans crime ? Une sonnerie retentissante de fin de conversation m’avait cloué le bec. Je n’avais plus qu’à fêter mes 22 ans en me torchant la tronche. 70 Les choses qui n’ont jamais eues lieu, arrivent bien quelque part, mais ailleurs. Dans la dimension des amours implacables et pulpeux, dans la région des victoires inouïes et incontestables. Les sphères de vies parallèles sont pleines de vécus insoupçonnés, d’expériences inédites et certaines, de souvenirs inconnus, saillants, oscillants entre chocs et traumatismes. Si c’est le critère du Réel qui manqua à ma prétention, il va sans dire que la preuve de l’Infini de l’Univers me fut désormais faite. La tête pleine de silence abscons, j’errai, le lendemain, dans la rue, allant ci et là, entre esthétisme et once de délire… Hagard, incapable de parler, je me réfugiai près du lac, assis pour de bon sur un banc, contemplant le calme trouble des eaux vertes. J’étais désormais averti. On ne vient pas sur Terre pour être innocent, ou alors on vient du Paradis. Le soir même j’écrivis une lettre. Longue de plusieurs pages. Revenant sur moult détails. Je n’obtins aucune réponse. Quoi de bon à l’aube des contrées désertiques ? L’implacable moralité des mirages. Le propre de la jeunesse est de croire en des idéaux. S’ils sont informels, de jaillissement fortuit, et sobrement cruciaux, les chances de succès sont moins minces. La jeunesse de l’amour a ses 71 vertus. De quoi ne pas renier ses amours de jeunesse… L’Apocalypse n’est pas très loin… Et, pourtant… Il n’y a rien à découvrir. Les sentiments ne mènent nulle part. Ils constituent juste une errance, un égarement sans destination. Qui n’aboutissent jamais à rien. Errer n’a pour but que de saisir sans explications. Qui ai-je été ? Qui ne serai-je jamais ? L’âme s’embarrasse-t-elle de définir ? Quelques années avant de rester là sans rien dire… je vagabondai près de la place du lycée… Chaque aspect du lieu était propice à la naissance du souvenir, sans qu’alors il ne soit sujet d’en questionner la réalité d’origine. J’en observai l’entrée, protégé par ce surveillant aux allures des « ailes du désir », tout de noir vêtu, le regard d’aigle aiguisé, préférant les signes de la tête aux mots inutiles. Je me dirigeai vers lui, et le saluai discrètement, craignant le poids du lien spécial qui me liait à lui. Il m’avait, c’est vrai, accompagné à l’hôpital, ce jour où je m’étais mis à saigné du nez abondamment, comme perdant mon souffle. Entrant halluciné dans le camion rouge des pompiers, j’étais resté pétrifié par la vision de la fille de ma jeunesse, plantée sur la place du 72 lycée d’à côté, regardant au loin dans l’autre direction, les cheveux scintillants bercés par le vent, vêtue d’un imper noir, un aigle rouge sur le dos. Pourquoi cette hémorragie ? Ce flot et ces rivières de sang s’épanouissant en visions terribles, à l’orée de la mi- vingtaine, dans mon appart vide, pour se répandre sur le sol carrelé de linoléum ? L’Origine de la Douleur est le crime parfait. Aux conséquences infinies, aux motivations perverses. Et l’Abscons est le refuge des martyrs inconnus ! Mieux vaut cela que de connaître quelque chose. Ce qui n’a pas eu lieu n’a pas à être connu… J’ai encore le goût du crime dans la bouche. Le goût du cassage de gueule, de la bastonnade… du règlement de compte. Réminiscences des sphères de vie parallèles ou alternatives… autres réalités, plus réelles. Ô Brouillard ! Quel sadisme cru caches tu ? Les vapeurs et les volutes sont-elles celles des opiums et cocaïnes de la douleur qu’on ne sent plus ? Overdose assurée. Trépas garanti. Errance circumambulatoire. J’étais là. Oui. J’étais là… Quand ils lui ont parlée de travers, pensant qu’elle s’intéressait à eux, alors qu’elle n’en voulait qu’à moi… Elle m’appelait par mon nom. Criant d’une voix douce et autoritaire… Pendant qu’ils aboyaient leur désir. Incapables de songer un 73 seul instant que je pu être destiné à la mélodie de cet appel à la beauté cruelle. « N’écoute pas le chant des sirènes !… » C’est bien connu… Aussi beau soit-il, aussi belles soient elles. Ils l’avaient maltraitée verbalement, et j’étais resté sans rien dire, témoin silencieux d’un délit invisible, d’un jeu sournois, aux perspectives ombrageuses…. Elles ont le visage de l’innocence, les sirènes… Elles en ont le visage, mais n’en ont pas le goût. C’est pour ça qu’elles veulent y goûter. Comment être un homme après ça ? Après cette humiliation suprême… Autant pour elle que pour moi… Si je puis prétendre savoir ce qui se joue au-delà de la frontière des sexes, et des genres. Là où les sirènes n’existent plus, pour laisser place aux créatures félines, racées, les plus carnivores. Qui peut défendre l’autre sexe là où sa suprématie se joue ? Là où l’on ne tire plus les ficelles et où l’on doit rendre des comptes ? ! Qu’est-ce qu’une femme en détresse sinon le reflet d’une « femmelette » qui se fait casser la gueule ? Qu’est-ce qu’une « femmelette » qui se fait casser la gueule sinon le reflet d’une femme en détresse ? Bon courage aux courageux ! Inévitable est le bizutage ! La Raison ? La Jalousie archaïque ou l’Origine du Mal ! Ne touche pas sinon je te tue ! Bien 74 malin celui qui n’a jamais eu la gueule cassée, celui qui n’a jamais saigné silencieusement, sous les coups. Au point de tout oublier. Le seuil de la société a de quoi faire pâlir les rites d’intronisation des gangs… Et les mauvais garçons n’ont pas saigné pour se passer de tringler des nanas. Celui qui n’a pas pris de coup est un surhomme et le surhomme est un mythe. Un mythe qui mène à la folie, même le bon philosophe. Ô Miroir Victimaire, es-tu hallucinatoire ?! Le bizutage assaisonné, et le mal d’amour toxique ?! Les échos des coups troublent les perceptions du Réel, le cerveau se fend et se brise en mille morceaux. Qui peut connaître une société sans connaître ses bas-fonds ? Qui est le plus bandit ? Le contraste de l’innocence n’as pas dit son dernier mot. Racisme ? Non !… Histoire de novice ?… sans aucun doute. Le benêt des bonasses ou le bonnet débonnaire ? La gentillesse n’a rien à voir avec la bonté. Paisible ou impassible, le visage abscons est le gardien des réalités interdites. Pourquoi s’y aventurer alors ?! Il faut rester à sa place. 75 « Qui n’a pas tué est puceau. » Ah ! ? Certes. Oui… On le sait bien. Qui n’a pas été lynché est-il un nègre ? (Oh…) Des amateurs ? Allons ! Je n’allais pas pleurer pour quelques pétales perdus au cœur de la nuit. Surtout s’ils n’étaient que l’illusion de la peau d’un cœur parti en miettes, en bribes, pour que finisse par m’en laisser pousser la barbe. Le ras le bol absolu ! À situation insoluble, échec des moyens obsolètes. Seul l’abstrus peut absoudre. L’improvisation de l’imprévisible inconcevable comme rempart guerrier aux évidences sans vie, est le souffle des étincelles qui font disparaître les mauvaises blagues nocturnes. La clarté de l’aube est une nécessité radicale. Le lycée, le collège, ce lieu de honte et d’humiliation, que l’on recouvre du vernis des bons sentiments et du goût des instants précieux, pour n’avoir à tourner le dos, ou plutôt pour ne pas avoir à reconnaître, qu’on l’a déjà fait, sans vergogne. L’asymétrie se joue de l’honnêteté sentimentale comme des reflets en un labyrinthe sans miroirs pour narcissique inavoué. L’adage dit : « Ceux qui sont passé à côté de leur adolescence vont plus loin que les autres par la suite. » 76 Sans doute. Y a-t-il des preuves ? Faut-il s’en passer comme pour tout ce qui compte vraiment ? Jusqu’à ce que l’impossible lui- même s’avoue vaincu ? Et après… ? Quand l’innocence des formes est complice des pires crimes, le sentiment n’est plus une preuve. Ni même une évidence. Le piège se referme. La société le veut. Il en va ainsi… Et qui ira s’en plaindre… Si cela se termine mal, pour les uns, plutôt que pour les autres ? C’est le jeu, n’est-ce pas ? Et au Jeu, il faut bien jouer ! Que pense-t-on de tout cela après que les tourments et les tornades soient passés ? Après que les printemps se soient succédés sans que les fleurs ne soient cueillies ? On relit les poèmes écrits dans la souffrance, et les brouillons de lettres à demie vindicatives… Et on se laisse aller à la question de savoir si le monde à un sens. Les mots qu’on échange à l’âge des premiers amours semblent des abysses de pureté, puis, la pluie et les orages passés, ils paraissent niais. On ne leur accorde plus d’importance. La véritable innocence est celle qui a vaincu la mort, et la douleur de l’absurde, qui est d’aimer pour une récompense. Le Jeu n’en vaut la chandelle que lorsqu’on a tout perdu. Et que l’Autre n’a plus de raison de nous en vouloir. S’il n’en a jamais eu aucune ! La distance est alors abolie, et la 77 différence est celle de savoir avec qui l’on marche. Le fruit défendu ne pend plus aux branches, il en est tombé, et il est allé rejoindre la verte vastitude, afin de nourrir la terre. Quelle blague. Quelle mauvaise blague ! Restera-t-il quelqu’un pour en rire, pour de vrai, lorsque la cruauté de la mémoire primitive et archaïque, aura déchaîné sa violence sans fin, sourde, aux appels à l’aide, lointains, comme une féminité, agressée, en un lieu public, sans que personne ne réagisse, sauf l’inconscient présumé, aux reflets perdus, aux miroirs brisés, aux amis fourbes, aux frères absents, à la vertu traître, à la solitude fraternelle, à l’oubli réjouissant ? Un dragon, une princesse à délivrer, prisonnière dans un donjon ? Est-ce écrit dans des livres ? Est-ce le choix de vivre sans ivresse ? Les circonstances, les événements, les Actes, ne prouvent pas grand-chose. A moins qu’on le veuille… Mais Narcisse est sombre… On ne peut pas sauver une Femme en Détresse. Ni être le Sauveur. Ou le Cerveau du Mal.

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